"L’idée de partir pour un trip hors de nos frontières fut officiellement lancée par Romain. Mais tout le monde, comprenez une partie des bodyboarders hauts normands, avait dans le coin de la tête des envies d’eaux chaudes, de vagues creuses et belles, sous le soleil. Cela fut davantage accentué par un automne surfistique plus que merdique en Normandie, normalement saison propice à nos meilleures sessions de l’année.
Le projet avance, et courant janvier, les billets sont réservés ainsi que les appart’, direction Las Palmas, la plus grande ville de Gran Canaria, connue pour ses spots « world class » tels que El Confital ou El Fronton. Kenny devant déclarer forfait à cause de ses cours, l’équipe se formera de Romain, accompagné de sa copine Hélène, le frère de cette dernière, Camille (tous deux non-surfers), puis Thibaut, Quentin et Aurélien.
Jeudi 14 février 2008, pour certains, jour de St-Valentin, surtout synonyme pour nous de départ et de très longue journée de voyage, en partie due aux grèves à Orly. Résultat, debout a Paris a 5h30 pour une arrivée aux Iles Canaries à 00h30, avec au passage un transit à Madrid d’une durée anecdotique de 5 ou 6h…Mais le principal est d’arriver en un seul morceau à destination, ce qui n’est pas le cas d’un gros morceau malheureusement, qui n’arrivera pas du tout : la housse à Romain !
Coup dur d’entrée de jeu, mais on se dit que ça arrivera le lendemain, et direction le Surf Camp ou nous allons crécher pendant 10 jours, à 50m de
C’est donc à la fin de cette 1ère journée assez chargée qu’on trempe les palmes pour la 1ère fois, sur un spot au Nord d’El Confital, à 10-15 mn en voiture de l’appart’ (quand Romain se plante pas c’est-à-dire rarement), sur un reef appelé Las Mujeres qui est…comment dirais-je…canarien ! Pas d’eau, de la puissance, une eau claire et chaude, une gauche d’1m20 1m50…le pied quoi ! Romain sans matos espère un coup de téléphone de l’aéroport et attendant profite du paysage avec sa copine et prends quelques photos…Ce spot deviendra par la suite en quelque sorte notre QG, car la houle étant correcte mais pas extraordinaire, la plupart des reef de la cote nord sont assez mous et plat, même au dessus d’1m50. De bons take-off certes, mais pas grand-chose après. Contrairement à Las Mujeres où le peu d’eau génère une vague creuse et puissante. Le samedi, on choppe Thibaut à l’aéroport, son voyage étant plus court que le notre, et direction la ville de Galdar, qui abrite une des vagues les plus mythiques et dangereuses du monde : El Fronton…Pour trouver, aucune autre solution que de demander aux surfers du coin, qui ne refuseront pas de nous répondre, mais nous en indiquant la route avec un petit sourire en coin quand même, ajouté à quelques mots en anglais : « heavy barrels ! » Arrivé sur place…waaaaahhhhh !! La claque ! En fait les spots des alentours marchent à 1m20 maxi, et en arrivant en haut de la falaise qui surplombe la bête, on peut apercevoir des séries qui frôlent les 2m50. Le bruit de la vague est à vous couper le souffle, et d’ailleurs, les souffles, ce n’est pas ce qui manque à Fronton ! La vague nous donne la chair de poule, il est tard, il n’y a personne à l’eau car la marée est trop basse et le vent mal calé, mais le moins qu’on puisse dire c’est qu’il y a du potentiel ! La houle venant se fracasser sur la dalle plus qu’à sec pour former une droite plus creuse que haute, et une gauche mutante nous donne un sentiment bizarre : il faut absolument qu’on la surfe, mais va pas falloir faire les malins ! En attendant, Thibaut et Quentin se calent sur une droite sympa avant la nuit, pas folichon, mais ça empêchera pas Thibaut d’envoyer son petit reverse air, et Quentin de trouver des gauches.
C’est décidé, demain c’est Fronton ! Notre Romain national toujours dépourvu de matos se décide à essayer ma 2ème 3/2 ainsi que la 2ème paire de palmes de Quentin, fatigué d’attendre après l’aéroport. Puis en ce qui concerne la board ça sera plan B : location d’une vielle WR, avec un peu trop de flex…
Dimanche 17 février, on arrive excité devant un fronton magnifique à 1m50-2m, peuplé de locaux qui passent plus de temps dans les barrels qu’à attendre au pic. On attends quelques minutes et Thibaut et moi nous décidons à nous mettre à l’eau : on est pas venu là pour enfiler des perles comme on dit ! Il faut dire qu’au Fronton, réussir à se mettre à l’eau c’est déjà pas mal étant donné le chemin plus que caillouteux, et la mise à l’eau relativement périlleuse. Trêve de plaisanterie, la vague est déjà « moins impressionnante » vu du pic, mais ça a l’air sévèrement puissant. Je prends un sacré coup de pied au cul au take-off sur ma première vague mais je m’en sors vivant. La gauche (puisque hormis Thibaut, la droite ne nous intéresse pas vu notre pauvre niveau en tant que purs gauchers) est une vague courte mais super creuse qui finit sur une rampe de lancement assez phénoménale. Romain nous rejoint environ 30 mn plus tard, un peu étriqué dans ma 3/2 mais prêt à charger. Quentin prend des photos et nous rejoindra que plus tard. On trouve tous des bombes, on fait pas les malins, mais on fait pas les chicken dick non plus, et plus la session avance, plus on prend confiance, plus on part à l’intérieur, ce qui donne des take-off suivis parfois de tubes plus que dantesques, avec des fois en prime des airs assez incroyables en fin de vagues…Les locaux déchirent le spot, se calent plus profonds les uns que les autres, et sont des l’ensemble assez cool, certains nous encourageant même quand on part sur des bombes : « buena !buena ! »(Par contre eux ils ne disent pas le « b »). A la sortie de la session on a tous la banane, fiers de ne pas avoir posé de casiers.
Le lendemain, on y retourne mais malheureusement, il y a plus de monde que la veille. Pas grave, ça marche sur toute la côte, et notre « home spot » du trip marche du feu de Dieu : on passera près de 7h dans l’eau durant la journée, sous le soleil, à surfer 1m20 plus que parfait, à 6 dans l’eau au maximum de la journée…Bilan de la journée, hormis les coups de soleil qui allaient me faire perdre environ 1cm de peau sur le nez, sûrement la meilleure journée de surf du trip. Les Canaries comme on les avait imaginées !
Mardi 19 février, retour au Fronton, où c’est toujours surpeuplé mais on s’y met quand même. Malheureusement, pas le même bilan qu’à la sortie de notre première session là-bas. On prend pas beaucoup de vagues en général, et sur la fin de la session, frustré de n’avoir pris qu’une vague en 30 mn, je m’arrache pour chopper une gauche assez grosse, tenant absolument à ne pas laisser s’échapper une des seules bombes qui se présente à moi. Seulement je suis déjà en retard au moment de me jeter au take-off, la lèvre me passe par-dessus et là je bouffe assez sévèrement, je tape la dalle avec le bassin, je perds une palme et remonte à bout de souffle. Moi qui voulais une bonne dernière vague…je fus servi.
Après un milieu de semaine assez creux, avec des vagues soit moyennes, soit inexistantes, et en prime un peu de temps gris et même de la pluie, les préviz annoncent une hausse de houle pour la fin de semaine. De quoi se gaver comme il faut avant de rentrer…déjà…
Samedi 23 février, les conditions sont finalement pas optimum mais ça nous permet de tâter le seul spot qui marche d’une façon correcte : El Confital. D’accord c’est une droite, mais elle est drôlement belle. Attention aux patates sur la fin de vague ! Thibaut est parti depuis la veille, nous ne sommes donc plus que 3 à surfer. Je me mets à l’eau en 1er pour prendre quelques bouts en DK, ma seule façon d’exploiter les droites...Romain et Quentin me rejoignent et je leur fait part de la légère hostilité des locaux. Certes ils déchirent le spot, au passage un peu détérioré par le vent mais avec des séries frôlant le mètre 50, mais ce sont pour la plupart des grandes gueules qui ragassent pas mal.
Dimanche, dernier jour, les conditions n’ont pas trop évoluées mais on tient a surfer notre belle vague du Fronton une dernière fois, même si on sait qu’elle ne sera pas au mieux de sa forme. On trouvera quand même des séries frôlant les 2m, certes venté, mais toujours aussi impressionnant. Les lèvres de cette vague sont tout simplement halluciantes comme dirait Gustave De Kervern, et l’eau qui se retire laissant la dalle plus qu’à sec donne des frissons.
On enregistre un maximum d’images dans nos têtes, car on sait qu’au moment de ranger nos boards dans le coffre de la voiture, (pour le coup sale et ayant rudement souffert des routes escarpées du Paris-Dakar made in Canaries) de quitter le spot pour la dernière fois, dans 24h, on sera à Madrid, à attendre comme des abrutis notre avion en direction de Paris, dans le froid, toujours sans nouvelles de la board de Romain…"
Récit: Aurélien
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